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Voyager pour aider 

Tammy Létourneau a toujours voulu parcourir le monde. C’est en 2014 qu’elle a fait son premier grand voyage, un voyage humanitaire d’une semaine en Haïti avec son père. Depuis, elle est retournée trois autres fois dans le même foyer situé dans la commune Croix-des-Bouquets et elle y va de nouveau au mois d’avril prochain. Voyager pour aider est devenu sa passion et le foyer est comme sa deuxième famille.

C’est après le tremblement de terre qui a touché Haïti en 2010 que ce foyer a vu le jour. Beaucoup d’enfants étaient orphelins ou encore, certains avaient une famille vivant dans la rue, alors les parents préféraient laisser leur enfant dans un foyer (ils viennent les visiter de temps en temps). Sur place, il y a une école primaire pour les enfants du foyer, mais elle est aussi ouverte aux enfants de l’extérieur. Tammy a entendu quelques fois l’histoire de certains enfants que les parents ont laissés le matin à l’école, mais ne sont jamais revenus les chercher. « Ce n’est pas quelque chose qui pourrait se produire au Québec. C’est différent, mais ça fait partie de la réalité en Haïti », explique Tammy.

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La cousine du père de Tammy fait partie d’un organisme qui vient en aide à ce foyer. Elle avait demandé à Gilles Létourneau (père de Tammy) de l’aide puisque l’organisme avait besoin d’argent pour construire des tablettes. Plutôt que de construire les tablettes et de les envoyer en Haïti, M.Létourneau a proposé d’aller directement là-bas pour les construire lui-même. Tammy a décidé de l’accompagner. « Depuis, nous n’avons jamais voulu faire autre chose. À chaque fois que nous allons en Haïti c’est toujours dans le même foyer et c’est toujours dans le but de développer quelque chose d’autre qui va améliorer le foyer. On s’est vraiment attaché aux gens là-bas », dit-elle.

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Ce qu’elle apprécie de ce type de voyage, c’est vraiment de passer du temps avec la communauté. Tammy le dit elle-même, elle ne va pas là pour construire des maisons, mais pour prendre soin des enfants. La cousine de son père connaît aussi un autre foyer en Inde où il serait possible pour elle d’aller, mais Tammy tient vraiment à retourner chaque fois au même endroit. « Si je dois partir en voyage une fois par année, je veux l’utiliser pour aller voir les enfants qui me manquent. Je ne vois plus ça comme un voyage humanitaire. C’est plus comme aller voir des amis(es) ou de la famille éloignée » dit-elle en souriant.
 

Une journée au foyer

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Gilles Létourneau a plusieurs talents en menuiserie et en électricité qu’il peut mettre à contribution dans les travaux manuels à faire au foyer. Tammy, de son côté, passe plutôt son temps avec les enfants. Quand un enseignant est absent, elle va remplacer dans la classe. « C’est simple. Les élèves de troisième année sont rendus à apprendre l’anglais. Alors tu leur apprends les mots de base: hello, how are you... », explique Tammy. Autrement, elle s’occupe de l’aide aux devoirs, d’aider à la cuisine le matin, d’aider au lavage, de classer des papiers pour aider la responsable du foyer… Diverses tâches à exécuter au quotidien.

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Souvent le soir quand les plus vieilles reviennent de l’école, elles amènent Tammy dans leur chambre pour lui poser des questions. « Comment s’appelle ta mère », « comment s’appelle ton frère », « quel âge ont-ils », « que font-ils dans la vie », sont les questions qui reviennent le plus souvent. Ce sont à travers ces petits gestes au quotidien que Tammy passe ses plus beaux moments. Elle apprécie aussi accompagner les jeunes une fin de semaine sur deux alors qu’ils vont chanter dans un foyer pour handicapés.

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Les péripéties haïtiens

 

Depuis qu’elle voyage en Haïti, Tammy a remarqué certaines différences culturelles. Elle se souvient d’une fois où les jeunes ont remarqué que ses jambes étaient rasées. Ils lui ont donc demandé pourquoi ? « Parce que c’est comme ça », avait répondu Tammy ne sachant pas quoi dire d’autre. « Mais ça sert à quoi ? », ont-ils ajouté. Tammy en est venue à la conclusion que ça ne sert absolument à rien. « C’est vrai, c’est juste au niveau de notre culture. Eux, ils ont d’autres préoccupations que de se raser les jambes et c’est de voir ce genre de différence que j’aime bien », ajoute-t-elle en ricanant.  

 

Elle se rappelle aussi le choc culturel qu’elle avait vécu au niveau de l’éducation. Un jeune avait frappé un autre et pour que justice soit faite, il fallait que l’autre le refrappe. « C’est comme ça que ça fonctionne. Une autre fois, un jeune de 3 ou 4 ans avait eu une incontinence. Les plus vieux de 15-16 ans l’ont frappé en disant qu’il était temps qu’il apprenne à être propre. Pour moi, c’était dur de voir ça parce que ce n’est pas ma façon de concevoir les choses», raconte Tammy.

 

Lors de ses premiers voyages, il n’y avait pas d’eau chaude. Seulement de petits gallons qui se réchauffaient avec des panneaux solaires. Après un certain moment où il n’y a plus de soleil, l’eau refroidit. « Les jeunes du foyer peuvent se laver jusqu’à huit fois par jour. Pour eux c’est logique. Ils bougent beaucoup, ils ont chaud, alors ils se lavent souvent. Quand je leur dis que je me lave juste une fois par jour, ils trouvent que je suis sale. Donc souvent à la fin de la journée il ne reste plus d’eau. Maintenant, ils ont de plus gros gallons alors ça va », explique-t-elle.

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Retour en avril 2018

 

Tammy retourne justement voir les enfants du foyer au mois d’avril prochain. Elle va sans doute y demeurer un peu plus longtemps qu’à son habitude puisque ça fait déjà deux ans qu’elle ne les a pas vus. À chaque fois qu’elle revient au Québec, elle se rend compte à quel point nous sommes chanceux. Elle remarque aussi qu’ici on s’attarde vraiment sur des petites choses qui peuvent gâcher notre journée en un instant. « J'aime découvrir leur culture, apprendre comment ils font à manger, comment ils se débrouillent… Et on ne dort pas dans un hôtel quand on va là-bas, on vit vraiment comme eux, précise-t-elle. En plus, j’aime beaucoup les enfants, alors ça va bien, il y en a 150. Ça fait toujours quelqu’un à aimer. »

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